La Coupe de France permet aux clubs mettant l’accent sur l’aspect collectif de briller. Cette année, elle était organisée à Castres les 17 et 18 octobre. Près de 70 clubs y ont participé. Parmi ceux-ci, le Dreux Athlétic Club s’est particulièrement illustré en s’imposant au triple saut hommes et femmes, avec également une deuxième place à la longueur chez les filles. Un petit miracle pour un club ne disposant pas d’importants moyens. Mais qui s’appuie sur un entraîneur formateur hors-pair, Hervé Bouffinier, pour repérer les jeunes talents de la ville. Coup de projecteur.

Pourtant, tout avait mal commencé. Une arrivée à la dernière minute à l’aéroport et un enregistrement en catimini. Trois athlètes qui ratent leur avion pour le premier décollage de leur vie et s’envolent seuls une heure plus tard pour Castres. Et un regroupement en catastrophe avant le début de la compétition. « Ça a été assez épique, reconnaît Hervé Bouffinier, entraîneur de la jeune troupe du Dreux AC. A cet instant, on s’est dit qu’avec tous ces malheurs, on était tranquilles jusqu’à la fin du week-end !» Un optimisme visionnaire. En deux jours, les Drouais ont fait main basse sur les concours hommes et femmes du triple-saut, la spécialité maison. Et décroché l’argent à la longueur chez les filles, agrémenté d’une sixième place au javelot dames. Comme toujours, le club eurélien s’est appuyé sur ses meilleures individualités, qui se mobilisent à chaque mois d’octobre à l’occasion des Interclubs Jeunes ou de la Coupe de France. A Castres, Jules Lechanga (16,38 m) et Abdoulaye Diarra (16,06 m) ont brillé en décollant à plus de 16 m avec seulement trois séances de triple saut dans les jambes. Egalement en piste :Alassane Diarra, le grand frère d’Abdoulaye, qui après plusieurs années gâchées par une blessure au genou, effectuait son retour. Résurrection réussie avec un bond à 15,59 m. Avec également les 13,02 m du minime Reda Kebir, le Dreux AC a réalisé un total de 61,65 sur quatre athlètes, soit la meilleure performance de tous les temps pour un club dans cette spécialité. « On savait qu’on avait une équipe de choc donc on voulait vraiment établir le meilleur total jamais réalisé », souligne Hervé Bouffinier. 
Alors que certains clubs peinent parfois à mobiliser leurs meilleurs éléments pour cette compétition, les Diarra et autres Lechanga ne se sont pas fait prier pour venir. « La notion de club est encore importante en Province, se félicite le coach de ce groupe très dynamique. Quand on se retrouve tous comme ça pour partir à l’autre bout de la France, on vit une aventure humaine. Les compétitions par équipes sont importantes. Elles permettent aux athlètes d’enrichir leur palmarès et au club de montrer qu’il est le leader dans certaines spécialités. Pour moi, c’est aussi l’occasion de voir comment se comportent les jeunes face à la pression. Tout le monde est lancé dans le grand bain. »

Détectés au collège
Avec seulement 98 licenciés, le Dreux AC obtient chaque année d’excellents résultats individuels et collectifs au niveau national. En particulier au triple saut, qui n’est pourtant pas l’épreuve de prédilection d’Hervé Bouffinier, plus porté au départ sur les haies basses. Mais les leaders du club pratiquent cette discipline et donnent donc forcément envie aux nouveaux arrivants de les rejoindre du côté du sautoir. Comme le note avec justesse le coach drouais, l’avantage du triple saut est qu’il motive les athlètes à persévérer. « Tout dépend bien sûr du potentiel, prévient-il.Mais, comme au lancer du marteau, dès qu’on comprend le geste technique, on peut aller loin et vite gagner un mètre voire plus. »
Les athlètes qui rejoignent le club sont souvent issus de « quartiers sensibles ». Ils sont repérés au collège, avec lequel ils prennent par à des compétitions scolaires organisés par l’UNSS. Une convention avec l’établissement le plus « difficile » de la ville, le collège Curie, a été signée. Un dispositif d’accompagnement éducatif a été mis en place, qui permet à un groupe de dix-sept benjamines et minimes de pratiquer l’athlétisme tous les lundis après-midis. Autre atout : le bouche-à-oreille. Trois des filles présentes à Castres habitent dans la même tour. « Parmi le groupe du collège Curie, je sais déjà qu’il y a une athlète qui possède un don extraordinaire pour être une grande sprinteuse et sauteuse. Il y a une telle richesse à Dreux. Si la détection fonctionnait encore mieux, la relève serait assurée pour dix ans ! »

Florian Gaudin-Winer pour athle.com